Aux origines de la Ressourcerie, une problématique d’apparence très simple : comment mieux collaborer dans la réalisation de projets numériques ? Ce projet de mise en commun(s) numérique, initié par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, en est une réponse. Revenons sur les débuts de cette mission, à laquelle nous participons activement.
Contexte du projet
En septembre 2021, le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion a publié sa feuille de route ministérielle présentant sa stratégie en matière de données, d’algorithmes et de codes sources. Lors de sa rédaction, les participants ont fait part de la volonté et de la nécessité de s’associer pour mutualiser les ressources en matière de projets numériques, permettant de faire des économies de temps et d’argent et d’offrir un service public d’encore meilleure qualité.
Cependant, la mutualisation n’est pas évidente. D’une part, la « sphère travail » est complexe. Elle comprend à la fois le ministère, les administrations déconcentrées (directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, ou DREETS) et les opérateurs tels que Pôle Emploi ou l’Urssaf. Par ailleurs, le travail se fait souvent en silo. Il est ainsi courant que des projets développés par une équipe ne soient pas connus d’une autre qui travaille (ou a travaillé) sur un sujet similaire, les privant ainsi de synergies.
La Ressourcerie, c’est quoi ?
La Ressourcerie a pour objectif de répondre à ces enjeux. La plateforme propose différents contenus : d’une part, elle recense des ressources développées et utilisées au sein de la sphère travail. Ces ressources sont aussi bien techniques (jeux de données, API, modèles d’intelligence artificielle, etc.) que juridiques et administratives (conventions, bonnes pratiques de gestion de projet, etc.).
D’autre part, elle contextualise ces ressources et valorise les projets des équipes à travers des articles d’acculturation au numérique et de retours d’expérience approfondis sur les projets. Cette section articles a pour vocation de rendre ces innovations numériques parfois inintelligibles, compréhensibles par tous.
Cette entrée par les projets, les métiers et les gens est au cœur de la démarche Ressourcerie : au-delà d’un catalogue de ressources techniques, la volonté est de consolider une communauté du numérique animée par les agents de la sphère travail, où ils puissent partager leurs expériences et s’entraider.
Notre mission
Côté NumériCité, le défi était simple : participer avec agilité à la réalisation de cette mission et permettre aux équipes du ministère de continuer à mener leurs tâches à bien. Nous avons pu déployer nos méthodes de travail auprès des équipes en place pour dresser un premier état des lieux au plus près du terrain.
1. Preuve de concept
Pour livrer une première version de la Ressourcerie, nous avons choisi de partir d’une base existante. En effet, pour suivre l’esprit insufflé par la Fabrique : pourquoi repartir de zéro, quand un projet existant pouvait être adapté à nos besoins ?
En raison de la proximité de certaines fonctionnalités et ressources, nous avons donc contacté l’équipe d’api.gouv.fr afin de forker leur site.
Une fois le fork effectué, nous l’avons agrémenté d’un moteur de recherche “méta”, permettant d’interroger les ressources internes à la Ressourcerie mais également celles hébergées par data.gouv.fr, enrichissant ainsi les perspectives des usagers de la plateforme. Il s’est ensuite agi d’identifier le maximum de ressources existantes et de les référencer, afin que tout un chacun puisse les utiliser simplement en contactant leurs producteurs.
2. L’hypothèse infirmée, le produit réorienté
Cette infrastructure a constitué la V1 de la Ressourcerie. En parallèle, nous avons mené un travail de recherche utilisateur reposant sur des entretiens et des ateliers de co-construction. Nous avons constaté 2 choses :
- Le besoin réel n’était pas nécessairement d’avoir à disposition un catalogue de ressources, car les profils techniques disposent déjà de différentes plateformes pré-existantes (api.gouv.fr, data.gouv.fr, les différentes plateformes “Git”, etc.)
- Le moteur de recherche n’était pas la fonctionnalité centrale.
En effet, la problématique des utilisateurs n’est pas de trouver la bonne ressource technique au bon moment, mais plutôt de trouver le bon retour d’expérience ou la bonne personne.
Forts de ces constats, nous avons accentué l’importance des articles dans la Ressourcerie, et ajouté des cas d’usages répondant à des problématiques communes à de nombreux projets (par exemple, la pseudonymisation de documents). Cela a demandé un travail éditorial et de rédaction important : en un mois, les équipes ont réalisé des entretiens avec une dizaine d’agents publics, dans les administrations centrales comme en régions (Occitanie, Hauts-de-France).
Résultats
Depuis le lancement de la Ressourcerie, son audience est exponentielle : entre février et avril, les visites uniques ont triplé chaque mois. À date, 143 ressources ont été inventoriées au catalogue. Mais les premières analyses confirment que ces ressources ne sont pas forcément les contenus les plus plébiscités : les articles tiennent une bonne place dans la liste des pages les plus visitées.
À noter que, dans un esprit d’ouverture et de transparence, toutes les statistiques sont directement accessibles via une page dédiée sur la plateforme.
La suite de la mission : faire de la Ressourcerie un espace vivant
La Ressourcerie a maintenant des ressources. L’objectif de la V2 : que ces ressources soient consultées, réutilisées, et que la communauté se renforce.
Pour ce faire, nous avons prévu :
- De rendre le site encore plus intuitif pour faciliter l’accès et le partage des ressources et des articles. Un travail sur l’UX/UI est actuellement en cours, et nous intégrons continuellement de nouvelles fonctionnalités au site sur la base de retours d’utilisateurs.
- De diversifier le contenu proposé sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, faire parler les agents, qui n’ont pas forcément l’habitude de se mettre en avant, pour raconter les projets numériques sous un angle métier plutôt que sous un angle technique. Sur la forme, proposer de nouveaux formats, par exemple audio (podcasts).
- De faire connaître la Ressourcerie et de fédérer une communauté : en mai, nous avons notamment lancé une newsletter mensuelle pour mettre en valeur certains articles, ressources et interviews d’agents de la sphère travail dans divers médias. D’autres actions d’animation de communauté (mise en place d’un espace d’échanges en ligne, organisations de webinaires) sont prévues.
A travers les développements prévus, nous souhaitons faire en sorte que la Ressourcerie soit un espace vivant que les agents publics puissent s’approprier et nourrir.
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