Startups numériques et armées : des similitudes insoupçonnées
NumeriCité a eu le plaisir d’accueillir Alexis, ancien juriste et élève à l’école des commissaires des armées, pour un stage d’un mois. Il nous partage ici ses observations sur cette expérience, constatant de nombreux points communs entre deux domaines a priori très éloignés !
Bonjour Alexis, comment un futur commissaire des armées se retrouve-t-il dans une startup spécialisée dans le numérique ?
Dans le cadre de la scolarité au sein de l’école des commissaires des armées, nous sommes amenés à effectuer un stage au sein d’entreprises du secteur privé. L’objectif est triple :
- découvrir des pratiques managériales différentes de celles issues du monde militaire,
- appréhender les spécificités de l’entreprise privée qui est un partenaire quotidien des armées,
- enfin, ce stage constitue un challenge car l’organisme accueillant nous met directement en responsabilité en nous confiant des missions le plus souvent à haute valeur ajoutée.
En ce qui me concerne, mon profil d’ancien contractuel de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et mon attrait pour les nouvelles technologies correspondaient à ce que pouvait chercher NumeriCité.
Comment s’est faite cette réorientation, de l’univers juridique vers le militaire ?
A la suite de mon Master 2 « Droits de l’Homme » obtenu à l’université Paris-Nanterre, j’ai eu deux principales expériences professionnelles enrichissantes comme juriste au service des affaires économiques de la CNIL et comme chargé de mission auprès du Défenseur des droits. Malgré le profond intérêt que j’avais pour ces deux emplois si différents, j’ai souhaité passer le concours de commissaire des armées. D’une part, je voulais avoir l’opportunité de partir régulièrement à l’étranger ce que permet cette fonction via les opérations extérieures. Par ailleurs, j’avais envie d’exercer des fonctions opérationnelles et managériales de haut niveau rapidement ce qu’offre indéniablement la carrière d’un officier. A ceci s’ajoute la volonté de servir dans les armées, autant de raisons qui m’ont poussé à me réorienter.
Quelles similitudes relèves-tu entre les startups numériques et les armées ?
Elles sont bien plus nombreuses que ce que l’on peut penser à première vue ! En premier lieu, ces entités ont en commun le goût du challenge. Innover, décloisonner les pensées et entreprendre sont des défis quotidiens auxquels s’attellent autant les armées que les startups. En second lieu, le dirigeant d’une startup comme le jeune officier sorti d’école a pour principale tâche d’animer et d’encadrer une équipe réduite. Il s’agit de transmettre une vision et d’inspirer ses collaborateurs parfois dans un contexte dégradé que ce soit en raison d’un climat économique difficile pour les entreprises ou de contraintes opérationnelles au sein des armées. En dernier lieu, et c’est sans doute l’aspect le plus intéressant que j’ai pu observer chez NumeriCité, c’est la souplesse de l’organisation qui apparaît comme l’un de ses points forts. Or, le Ministère des Armées, pour faire face à des menaces de plus en plus hybrides, s’inspire de plus en plus de ce fonctionnement pour gagner en réactivité. A cet égard, le chef d’état-major des armées ne dit pas autre chose quand il insiste sur la souplesse qu’ont su mettre en œuvre les forces lors de l’opération Résilience.
Comment ces deux mondes peuvent-ils s’enrichir mutuellement ?
Il existe déjà des traductions concrètes de coopération entre les startups et le monde militaire. Tout d’abord, les administrations adoptent parfois la forme startup pour faire éclore des innovations. Par exemple, l’incubateur de services numériques de l’État, beta.gouv.fr, inclut en son sein des équipes du Ministère des Armées pour des projets intéressant la défense. J’ai d’ailleurs été ravi d’appuyer NumeriCité dans la mission de soutien qu’elle apporte à cette pépinière de startups d’État. En outre, le Ministère des Armées participe à la constitution d’un écosystème de startups impliquées dans la sécurité nationale notamment via l’Agence de l’innovation de défense ou la Direction générale de l’armement. Il n’est donc pas rare que ce type de structures soit financé à partir de budgets consacrés à la défense nationale. Plus globalement, les contacts entre les entreprises et le milieu militaire doivent être encouragés à l’image du stage immersif que j’ai passé chez NumeriCité.
Que retiendras-tu de ton expérience chez NumeriCité ?
Avant tout, je retiens à la fois l’accueil chaleureux de l’équipe de NumeriCité et les compétences de ses membres. Il y a une si bonne entente entre les différents collaborateurs que l’on peut facilement l’assimiler à un « esprit familial » que je retrouve au sein de ma promotion à l’école des commissaires des armées. Ensuite, j’ai observé des pratiques managériales notamment basées sur les méthodes agiles qui me serviront lors de mes futures affectations. Enfin, le dynamisme, la curiosité et la bonne humeur inhérents à cette startup sont autant de qualités que devrait posséder tout officier.