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Le numérique, un objet pour donner des capacités d’agir aux acteurs du dialogue social ? Retour sur notre mission “Local Syndical”

Les pratiques du dialogue social évoluent. La crise sanitaire a accéléré les usages numériques pour les acteurs de la démocratie sociale : pour informer, communiquer et négocier, les organisations syndicales et patronales, les institutions représentatives du personnel et les salariés sont de plus en plus amenés à articuler présentiel et distanciel, à mobiliser des outils numériques.

Leurs actions sont fondamentalement transformées et cette transformation les mène à repenser leur organisation. Cette accélération représente ainsi autant une opportunité qu’un risque. Au-delà de la question de l’inégalité d’accès et d’usage du numérique ou de celle de la confiance, on peut également s’interroger quant à l’impact du numérique sur la qualité du dialogue social : sentiment d’éloignement, multiplicité des canaux d’information, etc.

Comment garantir un dialogue social de qualité et désirable à l’ère du numérique ? Pour approfondir cette question, la Direction générale du travail, et plus spécifiquement le Bureau de la démocratie sociale a souhaité mener une investigation avec la Fabrique numérique des ministères sociaux. Nous avons eu le plaisir d’accompagner ces travaux de janvier à avril 2022.

Dans cet article, nous vous proposons plusieurs zooms sur de cette mission, vous proposant ainsi un témoignage représentatif de ce qui fait l’âme de Numéricité : cultiver l’art de faire autrement avec agilité et créativité, en mettant les valeurs de l’intérêt général avant tout (et même avant le numérique).

 

🔎 Une investigation, pour de vrai ?

Nous vous dévoilons la réponse : nous avons bien entendu tordu la merveilleuse méthode d’investigation made by Beta.gouv pour nous adapter au contexte de notre mission. Le dialogue social est une politique publique sensible, dans la mesure où il s’agit de mettre autour de la table des acteurs qui représentent des intérêts et des acteurs différents – salariés et employeurs. C’est également une politique publique qui repose sur un socle juridique le plus souvent issu de cycles de conférences sociales nationales.

N’étant pas spécialistes invétérés de la négociation syndicale, ou encore des règles en matière d’information et communication, tout en étant passionnés de droit, d’intelligence collective, et de nouvelles formes d’organisations, nous nous sommes immergés du sujet en échangeant avec nos interlocuteurs “métiers” de la Direction générale du travail. Notre objectif : comprendre les textes en vigueur, les missions de l’administration centrale et des services déconcentrés, les évolutions des pratiques depuis la crise sanitaire, les enjeux de représentativité, la littérature existante, etc.

Représentation simplifiée des textes en vigueur du dialogue social

Ces échanges nous ont permis de définir collectivement le cadre de l’investigation, et notamment :

  • le calendrier : se donner le temps de réunir toutes les conditions pour réaliser l’investigation (nous sommes passés de 2 mois à 4 mois)
  • les “points de passage” : la représentativité (équilibre entre acteurs sollicités – organisations syndicales et patronales, territoires, types d’entreprises), le volontariat (par l’intermédiaire des DRIEETS, des représentants des organisations syndicales et patronales ont exprimé leur intérêt pour participer à l’expérimentation), et la confiance (toutes les contributions sont bienvenues, et nous ne faisons pas de “promesses” sur ce qui va être réalisé à l’issue de l’investigation)

Cette posture nous a permis d’avoir un cadre d’échange simple et clair lors des ateliers que nous avons menés en mars avec plus de 35 participants.


🤔Un local syndical numérique, vraiment ?

Et la réponse est : pas vraiment, mais peut être ! Cette investigation n’a pas été nommée “local syndical numérique” par hasard. Si vous avez inspecté l’illustration plus haut, à partir d’un certain nombre de salariés, l’entreprise doit mettre à disposition du syndicat ou du comité social et environnemental un local physique et du matériel nécessaire à l’accomplissement de ses missions.


💡Le saviez-vous ?

Gathertown est un outil qui permet de reproduire virtuellement des espaces physiques : chaque utilisateur a un avatar et peut s’y promener, et en fonction de votre distance avec un utilisateur, vous avez la possibilité d’activer micro et caméra pour échanger.

Bien sûr il existe d’autres plateformes équivalentes, comme WorkAdventure ou Topia).

 

À l’heure du numérique, on peut tout de suite imaginer un “métaverse” où syndicats et employeurs discuteraient sur une plateforme comme Gathertown des prochaines dispositions à introduire dans l’accord d’entreprise.

On ne va pas vous mentir, au début de notre mission, nous avons pensé à la solution “métaverse”, pour la joie de l’expérience (d’ailleurs, on notera que Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des Comptes et Olivier Véran, alors Ministre des Solidarités et de la Santé sont les premiers décideurs publics à avoir utilisé Gathertown). En réalité, à Numéricité, nous partageons une vision commune : celle d’un numérique utile, frugal, ouvert, responsable, protecteur et vertueux, pour toutes et tous. Il n’est parfois pas nécessaire de construire des dispositifs, surtout quand les ingénieries sociales à l’œuvre n’ont pas été examinées. C’est d’ailleurs l’un des messages de l’ouvrage de Dominique Cardon, professeur au Medialab de Sciences Po, intitulé Culture numérique (Paris, Presses de Sciences Po, 2019).

C’est pour cela que nous avons pris le prétexte d’un “nouvel objet”, le local syndical numérique, qui n’est en rien une fin en soi, pour venir sonder les usages du numérique dans le dialogue social, et pour entendre les témoignages, les ressentis de leurs représentants, sur une diversité d’enjeux :

  • l’articulation entre présentiel et distanciel
  • les difficultés d’accès (au réseau, aux outils)
  • les questions liés à la confiance, la sécurité, et la souveraineté quant à l’utilisation de certains logiciels (notamment lorsqu’il s’agit de voter des décisions qui impliquent des personnes physiques
  • les défis de l’accès à l’information pour les salariés, notamment lorsqu’il est difficile pour les syndicats de s’adresser à elles et eux, via messagerie électronique, intranet ou autre
  • les nouvelles frontières que le numérique dessinent, notamment en matière “d’informel” : utilisation de réseaux sociaux, création de communautés informelles, etc.

Nous pourrions en dire bien plus, mais nous savons votre temps de lecture limité. Nous imaginons bien sûr que vous souhaitez en savoir plus sur l’issue de cette investigation ? Nous vous livrons deux résultats en avant première :

  • les participants à l’investigation ont adhéré à la méthodologie proposée : nos 3 ateliers ont été menés en distanciel et nous avons utilisé un outil d’intelligence collective (cf. mur de post-its)
  • Après quelques mois, nous avons identifié deux besoins principaux : plus de formation à la culture numérique pour les acteurs du dialogue social, le partage de ressources et de bonnes pratiques (y compris le partage d’exemple d’accords d’entreprises qui intègrent des dispositions sur le numérique dans le dialogue social)

Mur de post-its, mission local syndical

 

Si a priori, le développement d’un produit en tant que tel n’est pas encore envisagé, de nouveaux services et dispositifs sont d’ores et déjà imaginés. Une preuve de plus que le numérique est un outil, et pas une fin en soi.

Découvrez Gathertown dans l’administration :


🔗 Pour en savoir plus :

  • Etude Ouishare, “Numérique, santé et travail : quels risques, quels biais, quels fantasmes ?”, Yaël Benayoun, Janvier 2022 (PDF à télécharger)
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