Zoom sur l’accessibilité numérique

L’accessibilité numérique, de quoi parle-t-on ?

Souvent mise de côté, l’accessibilité est pourtant un sujet majeur de tout projet numérique. Il s’agit, en quelques mots, de rendre un produit accessible (merci Sherlock) à tous, en simplifiant sa navigation et en prenant en compte les éventuels handicaps dont peuvent souffrir ses utilisateurs. On l’oublie souvent, mais le handicap ne se limite pas à un fauteuil roulant : au même titre que le handicap moteur, il faut prendre en compte l’expérience de personnes malvoyantes, malentendantes, dyslexiques, n’ayant pas ou peu de sensibilité au toucher (et donc des difficultés à utiliser des fonctionnalités tactiles), souffrant d’un trouble cognitif… Si on élargit la notion, il s’agira également de penser aux personnes analphabètes, par exemple.

Devant la diversité des cas auxquels penser, les acteurs du web et, plus généralement, du numérique se sont réunis pour penser des normes et standards, revus périodiquement. Au niveau international, on peut citer les Web Content Accessibility Guidelines (WCAG), sur le point d’être mis à jour pour la première fois depuis 2008, et qui établissent des règles claires pour satisfaire les 4 grands principes de l’accessibilité : fournir un contenu perceptible, utilisable, compréhensible et robuste. En France, le référentiel général d’accessibilité pour les administrations (RGAA) reprend et complète la norme WCAG 2.0, depuis 2009. Il reste pourtant du travail : selon l’INSEE, en 2021, 11,6 % des adultes français ont renoncé à effectuer une démarche administrative en ligne par manque d’accès à Internet ou incapacité à se servir du site, et 3,8 % par incompréhension de la langue française.

En cette journée mondiale pour la sensibilisation à l’accessibilité numérique, nous vous proposons ce petit guide d’initiation à cette thématique trop souvent oubliée, mais pourtant majeure. L’accessibilité : pourquoi, comment, par qui ? Voici quelques éléments de réponse !

Pourquoi rendre son produit numérique accessible ?

Aujourd’hui, l’accessibilité numérique est une obligation légale pour les personnes publiques ou exerçant une mission de service public, en vertu de l’article 47 de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (lien Légifrance). Les sociétés privées sont également concernées lorsque leur chiffre d’affaires dépasse les 250 millions d’euros. Mais même si vous n’entrez dans aucun de ces cas de figure, nous ne pouvons que vous conseiller de développer des services accessibles. Pourquoi ?

• • Améliorer son référencement : lorsqu’ils indexent un site Internet, les moteurs de recherche tiennent compte de son accessibilité, entre autres critères. Pour monter en première page sur Google, rendez votre site aussi accessible que possible.

• • Favoriser l’inclusion numérique : ce point concerne principalement les personnes publiques, mais pas uniquement. La transformation numérique va vite, très vite, et nous pensons qu’il est important de ne laisser personne sur le bord de la route. Malheureusement, les exclus du numérique sont encore nombreux, et il ne s’agit pas que de personnes vivant en zones blanches : le handicap est encore un facteur d’inégalité en ligne.

• • Ne pas perdre de clients potentiels : cet argument concerne toutes les entreprises, de la plus modeste TPE au géant du CAC 40. Imaginez un commerçant qui ne peut recevoir de clients en fauteuil roulant car l’entrée de son commerce est surélevée : dommage de perdre un client ainsi. Demandez-vous désormais combien de potentiels clients ont pu quitter votre site Internet car il n’était pas adapté à leur handicap, physique ou invisible, et vous comprendrez l’importance de fournir des services accessibles.

• Améliorer l’expérience de tous vos utilisateurs : de nombreuses règles d’accessibilité bénéficient à un public bien plus large que les seules personnes souffrant d’un handicap. En fluidifiant le parcours utilisateur de vos produits et en les conservant les plus simples possibles, vous améliorez le confort de tous.

Comment rendre son produit numérique accessible ?

L’accessibilité peut s’envisager sous des formes très différentes. Les assistants vocaux que sont Siri, Alexa ou Google Assistant, sont déjà des exemples d’outils d’accessibilité (ils permettent notamment aux personnes malvoyantes ou touchées par un handicap moteur de contrôler leurs appareils à la voix). C’est une forme de design de service : pour faire de son produit un produit accessible, on peut faire preuve de créativité et proposer de nouvelles manières d’utiliser les outils numériques. Ainsi du 114, numéro d’urgence national permettant aux personnes sourdes et malentendantes de contacter les secours. La Ville de Paris a, par exemple, intégré de nombreux paramètres d’accessibilité à son site Internet, qu’elle liste sur cette page : c’est un bon point de départ pour qui souhaite s’initier à l’accessibilité.

Et si vous voulez comprendre comment une entreprise du numérique telle que Numéricité prend en compte les enjeux d’accessibilité dans ses travaux, nous vous expliquons tout en détail ci-dessous!

Comment se traduit l’accessibilité chez Numéricité ?

L’accessibilité numérique est au cœur des problématiques pour les designers comme pour les développeurs dans la réalisation de projets. Cette problématique s’intègre dès la conception de produits et services numériques afin de les rendre accessibles à tous. Les UX-UI designers ont pour mission de penser un site internet dans sa globalité. Ils imaginent les sites qui seront développés par les équipes Tech. C’est donc une réflexion en tandem qui s’opère lors de la réalisation d’un produit. 

Au-delà des normes à respecter, tenir compte de l’accessibilité est une mission abstraite car cela implique de penser dans un large spectre : quand on veut améliorer l’accessibilité pour une catégorie d’utilisateurs, on risque de perturber la navigation d’une autre. Alors, par où commencer ? Il s’agit dans un premier temps de tenir compte de plusieurs facteurs :

• • Le choix de la typographie est à bien considérer lors de la conception d’une interface, pour qu’elle soit ergonomique. La taille, le type et la couleur de la police sont des points essentiels à prendre en compte dès la réalisation de la maquette d’un site. Pourquoi ? Tout simplement car un écran est composé de pixels et peut rendre plus difficile la lecture des textes.

• • La colorimétrie est un point important de l’accessibilité. Quand on parle d’accessibilité en ligne, l’une des premières choses qui ressortent sont toutes les questions relatives à la couleur : celle des images, du site et du texte. Le contraste des couleurs par exemple est souvent négligé lors de la conception d’une interface. Cependant, les personnes malvoyantes auront ainsi plus de difficulté à lire un texte dont la couleur est peu contrastée ou entre en concurrence avec l’arrière-plan.

• • Privilégier une navigation au clavier : grand oublié de l’accessibilité, le clavier reste pourtant un outil d’accessibilité de base. Au-delà d’améliorer le confort et de permettre un gain de temps considérable, la navigation au clavier permet aux personnes qui en ont besoin de se déplacer dans une interface. Les déficients visuels et moteurs par exemple, s’appuient sur des lecteurs d’écran et ont besoin de pouvoir accéder aux contenus grâce au clavier. Plus que pratique, l’utilisation du clavier est une nécessité pour de très nombreux utilisateurs. C’est pourquoi un designer qui réalise une maquette doit prendre en compte toutes les caractéristiques permettant aux développeurs de structurer une interface en ce sens. Une problématique à laquelle l’équipe Tech de NumériCité a su répondre, dans le cadre de notre accompagnement de l’incubateur Beta.gouv. Nous avons notamment participé à la création de “La Boussole”, un simulateur d’aides inspiré de Mes-Aides.org destiné à permettre aux jeunes de mieux s’informer sur leurs droits et qui s’inscrit dans le plan gouvernemental #1jeune1solution. Le remplissage du formulaire est grandement facilité par le respect de règles de codes, qui permettent notamment une navigation exclusivement au clavier.

• Intégrer des paramètres d’accessibilité dès le code : du HTML au Javascript en passant par le CSS, une partie des problèmes d’accessibilité peut être gérée directement dans le code (pour les couleurs et contrastes, les styles de taille du texte, la dynamique des attributs et le classement de certains éléments pour favoriser une plus meilleure ergonomie). Rendre un site web accessible implique finalement de travailler à la refonte de ce site. Au-delà de l’aspect esthétique, il faut vérifier que tout fonctionne. Par exemple :

• • Les plug-ins, nos meilleurs amis : comment parler d’accessibilité numérique sans évoquer les plug-ins ? Programme ou fichier informatique, le plug-in permet d’apporter une nouvelle fonctionnalité à une solution logicielle préexistante. À chaque installation d’un plug-in, c’est une fonctionnalité ajoutée à une application web ou un logiciel de bureau. Pour résumer, sans plug-in, il n’y a pas de site internet qui fonctionne correctement car la plupart des sites cachent derrière leurs interfaces une multitude de ces petits bouts de code très pratiques. Plus le plug-in est pensé accessible, plus le site qui l’intègre le sera. En installant quelques plugins, le propriétaire d’un site peut très facilement rendre son site plus accessible (en le rendant compatible avec les lecteurs d’écran, par exemple).

• Au-delà d’une question de handicap et de confort, l’accessibilité en ligne relève également d’une question plus globale d’inclusion sociale. Certaines plateformes poussent l’accessibilité encore plus loin. En 2020, nos experts NumériCitoyens ont été mandatés pour une mission egov au Niger, dans le cadre de son plan national “Niger 2.0”. Nos équipes ont notamment accompagné le gouvernement dans la création de son portail de services en ligne, Service-public.ne. Cette initiative gouvernementale se voulait inclusive, destinée à réduire les disparités numériques entre les zones urbaines et rurales.  Comment ? En intégrant, par exemple, un assistant audio, qui rend le site disponible en plusieurs langues locales. Les personnes malvoyantes ou analphabètes peuvent ainsi accéder à leurs démarches en ligne. Le site permet également d’augmenter la police des textes : une fonctionnalité très simple à mettre en œuvre, mais qui peut grandement changer la vie des utilisateurs.

• S’auditer régulièrement : mettre son produit aux normes d’accessibilité est un travail de longue haleine, et une bonne pratique en la matière est de procéder par petites touches incrémentales. Les technologies évoluent vite, les navigateurs web supportent chaque jour de nouvelles fonctionnalités améliorant l’accessibilité et le confort d’usage. Pour avoir une meilleure idée de votre performance actuelle en la matière, de nombreux outils permettent de réaliser un audit éclair : c’est le cas d’Accessibility Checker ou de Tanaguru. Ils vous indiqueront où et comment vous améliorer. Renseignez-vous, organisez une veille, et surtout : testez régulièrement votre produit. Les navigateurs modernes comme Firefox ou Chrome peuvent calculer le score d’accessibilité (partiel) de votre site en quelques clics, et vous donner des conseils pour vous améliorer. C’est par exemple ainsi que nous avons procédé, chez NumériCité, pour rendre la plateforme de Budget participatif de la ville de Pantin conforme, selon Google Chrome, à 97 % aux normes d’accessibilité.

L’accessibilité, malgré son apparente complexité, reste une nécessité. Alors chez NumériCité, on y travaille, pour que la navigation d’un produit numérique reste toujours un plaisir.